8. Autour de Santa Cruz de la Sierra

​Ayant fait le tour de la ville (Samaipata), je suis partie ensuite sur les traces de Ernesto Che Guevarra. J’ai pris un bus pour Vallegrande, la ville où le héro fût secrètement enterré pendant des années. Il existe aussi une tristement célèbre photo de l’homme mort, prise à la laverie de l’hôpital,  exposé au monde entier pour prouver son décès.

L’étape suivante du pèlerinage est La Higuera, où l’homme fût abattu. Il y a un petit musée et il est possible de rencontrer des hommes qui vivaient dans le village à l’époque des combats.

Le problème c’est que je voyage seule, qu’il n’y a pas de touriste pour partager un taxi avec moi et que l’option partir seule est trop chère. Je n’ai donc vu que la laverie, qui sera elle aussi certainement bientôt payante puisque des ouvriers construisent un mur assez haut tout autour.

En gros tout est fait pour tirer profit de la légende. N’étant pas particulièrement adepte de ce genre de tourisme de toute façon, je quitte la ville sans insister.

(Sur la route)

En route pour Santa Cruz ! La ville dont beaucoup m’ont dit qu’elle n’avait aucun intérêt. Le trajet en bus prend quelques heures, mais à ce stade je serai déçue si ce n’était pas le cas. Je repasse par Samaipata et du coup, je profite une dernière fois de la vue sur le parc Amboro. J’arrive vers 20h en ville. Il fait nuit mais comme je n’aime toujours pas les taxis, je pars à pied à la recherche de mon hébergement. Il n’y a pas de nom de rue mais j’ai une carte dans mon téléphone, j’essaie de m’orienter et je marche. Au bout de 30 mn, je croise des panneaux… Lesquels m’apprennent que je ne suis pas du tout où je pensais… Je change de direction, continue et au bout de 20 mn, je réalise que je ne vais pas du tout dans le bon sens…
Je capitule et prend un taxi qui me double le prix de la course, mais je suis arrivée. En fait, le terminal du bus n’était pas là où ma carte me l’indiquait et en plus, le bus ne s’est pas arrêté au terminal. Avec des panneaux de rue tous les 3 kms, pas facile de se repérer. C’est l’occasion de confirmer que je n’aime pas les taxis.

(Place principale de Santa Cruz, la cathédrale et les décos de noël)

A Santa Cruz, je dois rencontrer une bolivienne, Danny, qui m’a contactée par le site couchsurfing.org. Enfin une occasion de discuter en espagnol avec quelqu’un du coin. Et le soir, nous nous sommes rendues à une réunion de couchsurfeurs de Santa Cruz, nous étions une bonne tablée de locaux et de voyageurs, c’était sympa de faire des rencontres en dehors de l’hostel.

Je rencontre beaucoup de voyageurs du monde entier : suédois, allemands, français, (bretons, basques), français vivant au Luxembourg et en Allemagne, espagnols, hollandais, americains, canadiens anglophones et francophones, irlandais, anglais, suisses (français, allemands, italienne), 1 chilienne, argentins, 1 sud-coréenne, mexicaines, australiens, brésiliens, boliviens, néo-zélandais, polonais-canadien, 1 japonais, 1 turque, 1 arménienne, 1 danoise… Tous ces voyageurs sont en route pour quelques jours, quelques semaines ou plusieurs mois. Certains n’ont pas de limite de temps, certains travaillent pour prolonger le voyage. 
A Santa Cruz, j’ai trouvé un restaurant très bon et pas cher, un café très sympa qui sert des expressos mais aussi une limonade citron-menthe-gingembre délicieuse. La limonade est ma boisson à Santa Cruz ! En fait il fait très chaud, jusqu’à 37°.

Je suis ensuite partie vers l’est, vers Puerto Quijarro, à la frontière Brésilienne. Fred, rencontré à Sucre, m’avait parlé de la région du Pantanal, un marais qui s’étend entre la Bolivie et le Brésil, c’était donc mon objectif.

J’ai fait une halte à San Jose de Chiquito, ville connue grâce aux missions jésuites.

Arrivée à Puerto Quijarro, je choisis un hôtel (de luxe) : chambre seule, lit double, mais salle de bain commune (tout de même). Et je demande à la réception, comment puis-je aller au Pantanal ? C’est compliqué, je voyage seule, donc pas de possibilité de remplir un véhicule. Et on est hors saison, donc personne avec qui partager un convoi. Finalement, une femme qui travaille à l’hôtel m’a accompagnée côté brésilien, avec la voiture et le chauffeur de l’hôtel, son mari allemand était là aussi. Ils avaient une course à faire et du coup m’ont tout expliqué, où aller, où demander, comment rentrer. Il s’est avéré que ma seule option était une heure en bateau au départ de la ville où j’étais : Corumbá…

(Corumbá)

Le lendemain matin, je me suis levée tôt, j’ai pris une moto taxi et je suis repartie côté Brésilien. Je demande à mon pilote de me déposer au bureau de change, il m’arrête à un feu en me montant 2 mamies en chapeau de paille, assises sur des chaises de camping sur le terre-plein entre les deux voies… « C’est pour un change ? » « Réal ? Bolivianos ? », me demande l’une d’elle avec une pile de billets dans chaque main… On aurait dit qu’elles sortaient d’un braquage. J’avais vérifié le cours le matin même, elle m’ont changé mon argent, je ne suis pas sûre que cela m’ait coûté 1€. J’ai passé la frontière, pris un bus, suis allée au bord de l’eau, ai trouvé mon pilote de bateau, ai négocié le tarif (J’ai appris ça durant mon voyage), et on est parti. Bon, forcément, on était pas au coeur du Pantanal, c’était moins spectaculaire je pense, mais on a vu 2 crocos et beaucoup d’oiseau. Et la balade en bateau était agréable.

(Le croco se cache derrière les feuilles à gauche)

J’avais un train à prendre plus tard, je n’ai pas voulu attendre le bus pour gagner du temps, j’ai repris une moto-taxi. Côté brésilien, les motos sont en meilleur état (Honda 500 CB), et le passager à un casque (beaucoup trop grand), côté Bolivien, les motos sont de marques inconnues par chez nous, les compteurs ne fonctionnent plus, les cales-pieds sont tordus… Mais les 2 versions sont chouettes, j’apprécie l’extrême simplicité bolivienne tout autant que le confort superficiel et agréable du reste du monde. Donc en 2 motos-taxis, me voici de retour à l’hôtel. J’attrape le sac à dos et file à la gare. 

Il ne reste que 2 lignes de train en Bolivie, j’ai hâte de tenter l’expérience ! Et ce n’est pas une demi expérience : 650 kms environ. 

Le train n’est pas plein, le vendeur de ticket ne met personne à côté de moi, ouf. Le billet coûte 100 bolivianos en classe supérieure, soit 13.67€, un bon tarif pour me faire préférer le train. Les sièges sont larges, confortables, inclinables. Il y a des écrans de télé sur lesquels sont diffusés au départ les meilleurs titres romantiques latino des années 80… le DVD a planté, on nous l’a remis au début… c’était pas le meilleur du trajet. Ensuite se sont enchaînés 4 films. Le train est très lent et s’arrête assez souvent, avec toujours les vendeurs de plats à emporter. Un jeune est assis de l’autre côté de l’allée, sa mère lui achète une brochette de viande avec du riz dans un sac plastique. 


Forcément, on en a plein les doigts dans ce cas là, mais pas de problème, le jeune a son rouleau de papier hygiénique dans son sac à dos ! Il y a aussi un service de restauration à bord du train, pour les touristes qui n’ont rien prévu ou qui souhaitent manger dans une assiette. Ou qui n’ont pas de PQ. 

La nuit passe, plutôt calme, le soleil se lève et on arrive à 5h30, après 16h30 de voyage.
Ma destination suivante est Cochabamba mais c’est un bus de nuit et après une nuit dans le train, je choisis de faire une pause d’une nuit à Santa Cruz. Je retrouve Danny, on va au jardin botanique se faire dévorer par les moustiques. 

Je dois aussi faire une photo avec un père noël pour les élèves du cours d’espagnol de Géraldine d’Ardèche, c’est mon premier défis !

J’ai ensuite pris mon bus de nuit sans encombre. J’avais la meilleure place du bus (j’étais la première à réserver un place, j’avais le choix !). C’était un bus surélevé, j’étais au premier rang, juste derrière le pare brise, et dans mon rang, il n’y avait qu’un siège : pas de voisins ! Les 2 accoudoirs pour moi seule ! Et derrière moi, c’était l’escalier d’accès donc je pouvais incliner le siège à fond sans gêner un éventuel voyageur. Personne ni à droite, ni à gauche, ni devant, ni derrière : la meilleure place du bus ! 

Donc là, je suis à Cochabamba, noël est passé.

J’avais un sapin et un petit cadeau à ouvrir, les décorations de la ville sont magnifiques. Mon hostel est propre et confortable mais il semble qu’il y ait un virus/bactérie et plusieurs personnes sont malades. Moi je suis venue avec un nouveau gros rhume. J’attends que ça passe avant la suite.